Fraude fiscale, erreurs, train de vie : comment l’administration traque ce qui échappe à l’impôt
Alors que la campagne de déclaration des revenus bat son plein, l’administration fiscale intensifie sa lutte contre la fraude. Avec des moyens technologiques de plus en plus sophistiqués, elle affine sa capacité à détecter les écarts, anomalies et incohérences dans les déclarations des contribuables. L’enjeu est de taille : en 2024, Bercy a identifié 16,7 milliards d’euros de fraude, contre 8,2 milliards cinq ans plus tôt. À quoi faut-il s’attendre en 2025 ? Quels sont les signaux qui attirent l’attention du fisc ? Et que risquent les investisseurs ou les contribuables patrimoniaux mal conseillés ?
Ce qui attire (vraiment) l’attention de l’administration fiscal
1. Les modifications des cases préremplies
Le préremplissage n’est plus un simple confort, c’est un premier filtre de contrôle. Toute modification manuelle – par exemple, une déduction ou un revenu supprimé – génère un signal pour les algorithmes du fisc. Cela ne signifie pas automatiquement un redressement, mais un examen renforcé. Conseil d’expert : justifiez toute correction via une mention expresse. Cela protège d’éventuelles pénalités en prouvant votre bonne foi.
2. Les oublis… même involontaires
Certains revenus ne sont jamais préremplis : c’est le cas des plus-values mobilières, de certains revenus étrangers, ou des revenus fonciers dans des montages complexes. Le contribuable reste responsable de leur déclaration. L’administration croise déjà les données bancaires, notariales ou issues de plateformes. Un oubli peut coûter cher, même s’il est non intentionnel.
3. Les écarts train de vie/revenus déclarés
Grâce à l’intelligence artificielle, Bercy détecte de plus en plus les incohérences entre le patrimoine apparent (résidences, véhicules, voyages) et les revenus déclarés. Le contribuable peut être contacté à titre préventif, sans forcément faire l’objet d’un contrôle formel. Là encore, la transparence dans la communication avec l’administration est souvent le meilleur bouclier.
Les profils à haut risque fiscal
Les efforts de contrôle se concentrent logiquement sur les dossiers à forte complexité ou à forte valeur :
- Revenus issus de structures à l’étranger
- Gains importants non déclarés (notamment crypto, private equity, plus-values)
- Sociétés civiles immobilières mal déclarées
- Régimes fiscaux déclarés mais mal appliqués (ex : LMNP, meublés touristiques)
- Résidents fiscaux français détenant des comptes hors UE
Le message est clair : l’administration ne cherche pas à « piéger » le particulier de bonne foi, mais à repérer les schémas abusifs, surtout s’ils sont répétés ou montés dans un but d’évitement fiscal.
Optimisation, évasion, fraude : la frontière est mince
La fraude suppose une volonté délibérée de dissimulation. Mais l’abus de droit permet à Bercy de requalifier certaines stratégies d’optimisation en fraude si elles ne présentent aucun objectif autre que fiscal. C’est un point de vigilance majeur pour les investisseurs immobiliers, notamment en LMNP ou en société.
Note de l’expert — Yoann Maxel, spécialiste LMNP et montage d’opération immobilière avec Wiim :
« En 2025, la transparence devient un impératif stratégique. Les investisseurs, notamment ceux en LMNP ou en montage marchand, doivent désormais intégrer un double enjeu : optimiser, oui, mais documenter chaque décision. Que ce soit une déduction, un amortissement ou une opération d’achat-revente, chaque ligne doit être justifiable, traçable et cohérente avec la réalité économique. Les montages mal maîtrisés, les SCI sans suivi rigoureux ou les meublés non déclarés attirent de plus en plus l’œil du fisc. Aujourd’hui, la meilleure protection fiscale, c’est l’anticipation. »
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